30.11.06

Quand la voiture n'est plus un rêve

Le journaliste Laurent Greilsamer estime que le comble du chic est désormais de ne pas posséder de voiture :

" La France d'en haut circule désormais en avion, en TGV ou en voiture de maître. A la rigueur peut-elle envisager de louer un véhicule pour une période de vacances. Les classes moyennes oscillent entre la voiture (classique et conformiste), le vélo (écolo et pratique) et les transports en commun (l'une des dernières expériences de brassage social : salutaire et instructif). La France d'en bas n'a pas le choix. Elle transite tous azimuts avec le sentiment d'être traquée, pressurée.

La voiture est devenue son cauchemar. La marque de son exclusion. Car la France d'en bas roule dans des voitures déglinguées. Elle roule le regard rivé sur la jauge d'essence. Elle roule dans l'angoisse du radar et du couperet automatique : l'amende exorbitante et le retrait de points sur le permis. Elle roule entre colère et frustration, parfaitement consciente d'être la victime d'une discrimination négative sans vergogne.

La voiture n'est plus son rêve, mais son humiliation. Et l'Etat un adversaire impitoyable qui l'enfonce, l'asphyxie. Il joue les vertueux, mais la pousse au surendettement sans songer à rendre le permis de conduire gratuit et obligatoire au terme de la scolarité.

Dans le coût que représente aujourd'hui le passage du permis, dans le montant des contraventions généreusement distribuées, dans le prix exigé par l'Etat pour redonner une partie des points retirés, il y a comme une réminiscence de gabelle. Le poids d'un impôt injuste et oppressif. Une forme de nitroglycérine. "

(lemonde.fr, 14/11/06)

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Michel Houellebecq revient à la science-fiction

Michel Houellebecq a fait l'actualité de l'édition pendant dix ans et a innové avec Ravalec et Dantec notamment. Il estime que son courant a vécu, sans vraiment prendre le pouvoir. " Quand une société est forte et sûre d’elle-même, comme la France du XIXe siècle, elle peut supporter une littérature négative. Ce n'est plus vraiment le cas de la France d'aujourd'hui. Les gens ont besoin d'être rassurés. Ils ne peuvent plus supporter la moindre trace de négativité, ni même de réalisme. " Il explique qu'il va personnellement revenir à ses premières amours : la science-fiction. (Paris-Match n° 3000, 16/11/06)

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29.11.06

La sixième disparition des espèces vivantes sur Terre

Hubert Reeves évoque la théorie de la sixième disparition des espèces : " Dans le passé, le rythme était équilibré. Des espèces apparaissaient, d'autres disparaissaient. Aujourd'hui nous sommes à un rythme tel qu'il y en a mille fois plus qui disparaissent. C'est ça, le problème de la sixième extinction. Nous sommes en train de réduire le nombre de familles animales et végétales, comme dans les moments les plus dramatiques de l'histoire de la Terre, c'est-à-dire il y a 65 millions d'années et la disparition des dinosaures. Qui va arrêter cette sixième extinction ? Deux scénarios sont possibles. Le premier, c'est la disparition de l'espèce humaine. Le second, celui que nous espérons, c'est la survie de l'espèce humaine au-delà de la sixième extinction. " (Paris-Match n° 3000, 16/11/06)

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L'amour est une construction

Alain Valtier, spécialiste des thérapies du couple : " L'attirance réciproque de deux êtres l'un pour l'autre est avant tout une énigme. Il faut tenir compte d'une part irréductible d'irrationnel dans le couple, et aussi dans cet amour censé le fabriquer et l'unir. J'ajouterais qu'il est nécessaire, pour que l'amour dure, de faire preuve de volonté. C'est-à-dire que même lorsque le coup de foudre nous tombe dessus, ce premier état ne dure pas. Pour l'entretenir, il y a régulièrement à se rappeler pourquoi nous avons choisi cet être-là, quelles qualités, quelles attitudes nous ont ému, nous ont plu en lui, pourquoi nous avons jugé qu'il nous était nécessaire. C'est exactement ce qui se passe dans les mariages organisés : peu à peu, à force de vivre ensemble, deux êtres liés à l'origine par des raisons de pouvoir ou d'économie peuvent développer, à partir de la reconnaissance des qualités de l'autre, un sentiment puissant. Car l'amour est une construction, il requiert un travail. " (L'Alsace, 26/11/06)

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28.11.06

La télévision est la nouvelle religion païenne

Jean-Michel di Falco, évêque de Gap et bon connaisseur des médias, au sujet du voyeurisme à la télé :

" La télévision est la nouvelle religion païenne. Autrefois, les familles se retrouvaient pour l'angelus et la prière qui ponctuait toute la vie chrétienne. Aujourd'hui, elles se rassemblent pour le journal télévisé de 20 heures, la "grand-messe" de l'information, avec un "grand prêtre", le présentateur, pour la célébrer. Et ce journal se déroule selon un rite bien défini, le conducteur, qui est l'équivalent de la "liturgie". (...)

C'est l'escalade du "toujours plus" en effet. Toujours plus d'images et de confidences dévoilant la vie intime des personnes ! Toujours plus d'images de violences, de guerres ! Il fut un temps où les responsables des chaînes veillaient à ce que les émissions susceptibles de choquer soient diffusées à des heures où les enfants ne sont plus à la table familiale. Aujourd'hui, plus aucune retenue n'est observée. Sur fond de concurrence, c'est à qui ira le plus loin, à qui sera le premier. Les chaînes se donnent comme alibi que les spectateurs ont un petit penchant pour le voyeurisme et en demandent toujours plus. La preuve, les magazines people sont la seule presse dont le tirage augmente : 18 millions de lecteurs en 2005.

Un public voyeur et exhibitionniste. Ceux qui, d'eux-mêmes, viennent exposer à la télévision leurs situations ou difficultés de vie se livrent à un dégradant strip-tease. Je me refuse à mettre en cause ces hommes ou ces femmes, mais leur attitude en dit long sur l'état de notre société. Ce qui fait exister, c'est le regard des autres. Dès lors que ces personnes n'ont pas, ou plus, le sentiment d'être regardées, d'être reconnues, choisies, de compter pour quelqu'un, elles vont tenter de se montrer à la télévision.

Ce qui supplée l'anonymat, le regard humain, c'est donc le regard électronique de la caméra. Contre le sentiment de non-être, le fait d'être vu à la télé donne une sorte de surcroît d'existence. Passer à la télé, c'est pénétrer dans le saint des saints, lieu de légitimation suprême, qui équivaut à une consécration. J'emploie à dessein ce vocabulaire religieux. " (lemonde.fr, 12-13/11/06)

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Jusqu'au bout apprendre à lire

Erik Orsenna : " Goethe dit, à plus de 80 ans, qu'il n'a jamais autant appris à lire. Pas dans les livres : il regarde la couleur, il regarde les plantes, la science. Et lire c'est ça. Quand je regarde l'océan, je sais comment ça marche. Au lieu d'être un truc bleu sur la carte, une page avec des signes incompréhensibles comme si je ne savais pas lire, brutalement, hop, ça parle. J'ai envie jusqu'au bout de mes forces de continuer à apprendre à lire. " (lemonde.fr, 17/11/06)

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27.11.06

Une société de surveillance se met en place

Jacques Attali : " Nous sommes entrés dans une société où les grands marchés vont tourner autour de la surveillance. Une société de la surveillance se met en place. Les entreprises vont tout surveiller, aussi bien la vie de leurs employés que celle de leurs clients. Les sociétés d'assurances vont chercher à s'informer au maximum sur leurs clients afin de calculer les primes d'assurance de chacun en fonction de ses habitudes, de ses mœurs, de sa santé, de sa sexualité. Ce sera une société non plus seulement de l'hyper-surveillance à distance mais de l'autosurveillance : chacun aura tellement peur de ne pas être conforme à la norme qu'il voudra se surveiller lui-même. Cela amènera une augmentation de la déloyauté car, là où il y a surveillance, il y a délation. Pour fuir les grandes organisations, les gens vont de plus en plus chercher à s'auto-employer. Ils vont considérer que le seul employeur digne d'eux, c'est eux-mêmes. Ils vont s'ériger comme leur propre patron en louant leurs services à plusieurs personnes. Le travail intérimaire va être non plus l'exception, mais la règle. " (Paris-Match n° 3000, 16/11/06)

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Ecrire le livre qui manque

La Prix Nobel de littérature Toni Morrison au sujet de sa vocation : " Quand j'étais enfant, je lisais énormément. Et j'étais parfaitement heureuse, car lorsqu'un livre était terminé, il y en avait toujours un nouveau à lire. C'était sans fin. L'écriture est venue comme un prolongement de cet amour de la lecture. Mais ce fut un processus lent. Je crois que je voulais simplement écrire le livre qui manquait. Mon sentiment était : il y a quelque chose qui n'est pas dit, qui n'est pas décrit et je suis la seule à pouvoir combler ce vide. C'est ce que je continue de ressentir à chaque livre que j'entreprends : ce vide à remplir, ce silence qui a besoin de mots - et de personnages pour dire ces mots, incarner ces pensées. " (Télérama, 25/10/06)

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26.11.06

L'exemple Mandela

Le beau livre " Mandela, portrait autorisé " vient de paraître il y a quelques semaines aux éditions Acropole. Il s'agit d'une somme réunissant de nombreuses photos et des témoignages sur le parcours de cet homme devenu un exemple sur la planète toute entière. Un jour, Bill Clinton lui demande comment il a surmonté la haine contre ses geôliers pendant 28 ans. " En fait, je les ai haïs pendant 14 ans et je me demande si, lorsque j'étais jeune et fort, ce n'est pas précisément ce sentiment de haine qui m'a permis de résister. Cependant, un jour que je cassais des pierres, j'ai réalisé qu'ils m'avaient déjà beaucoup pris. Ils avaient abusé de moi, à la fois physiquement et moralement. Ils m'avaient séparé de ma femme et de mes enfants, que je n'ai pas vu grandir, ils ont ruiné mon couple. Bref, ils m'avaient tout pris, sauf mon esprit et mon cœur, que je leur aurais donné si j'avais été habité par la haine. J'ai décidé de ne rien leur concéder de plus. " " Faites de même " dit-il alors à Bill Clinton, qui lui répond : " OK, j'ai compris ".

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25.11.06

Nos politiques ne disent plus la vérité

Yves Méni est un spécialiste des populismes et de la corruption en politique. Il estime que la confiance en politique est en sommeil. Il explique le drame français : " Le rôle d'un leader n'est pas tant de promettre que d'expliquer et surtout de dire ce qui est faisable et ce qui ne l'est pas. La force de conviction d'un Tony Blair ou avant lui d'un Bill Clinton réside dans leur capacité de pédagogie et dans leur volonté de prendre la tête du mouvement plutôt que de le suivre. Le drame français est que, depuis un quart de siècle, personne n'a le courage de dire tout simplement la vérité, parce que tous les hommes politiques sont convaincus que ce serait suicidaire. Ce "Tout va très bien, Madame la Marquise" ne peut plus durer. Avec des styles différents, c'est ce qu'ont mieux compris que d'autres Mme Royal et Nicolas Sarkozy. Ils sont chacun à leur manière des candidats de rupture, d'un certain "parler vrai", dirait Michel Rocard. Avec des limites : Mme Royal a au pied le boulet du programme socialiste et M. Sarkozy ne renonce pas à proposer des solutions détaillées - et de plus en plus coûteuses - à toutes les catégories sociales. " (lemonde.fr, 29-30/10/06)

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24.11.06

Au-revoir Philippe Noiret

L'annonce de la disparition de Philippe Noiret, à 76 ans, me touche. Mon intérêt pour le cinéma a grandi avec ses films. Je me souviens du déclic après " La vie et rien d'autre " de Bertrand Tavernier et surtout après " Cinéma Paradiso " de Giuseppe Tornatore, un bel hommage à l'amour du cinéma. Dans le désordre, je revois les images du bouleversant " Vieux fusil " et mes éclats de rire à voir le premier volet des " Ripoux ". C'est toute l'ambiance d'une époque qui refait surface. La façon dont il va nous manquer se mesure bien à tous ces souvenirs bien identifiés. Au-delà des films, restera l'image d'un homme toujours impeccable, un peu dandy, amoureux de la campagne et des chevaux. Un homme de toutes les fidélités : son métier, sa femme, ses amis. " Il me reste tellement peu d'illusions sur la nature humaine que cela devient difficile de se mettre en colère ! Je suis désolé par les autres, le monde et moi aussi. Je suis un désolé gai " disait-il. Ce soir moi aussi je suis désolé, mais sûrement pas gai. Salut l'artiste !

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Une France assoupie

Le couturier Karl Lagerfeld sillonne la planète en permanence. " La France est très assoupie. Et le résultat est là : à Rome, Tokyo, New York, la France n'est plus un sujet de conversation. " (cité par Challenges, 09/11/06)

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23.11.06

Cuisine anti-Sarkozy

L'éditorialiste Maurice Szafran de Mariane au sujet de Nicolas Sarkozy : " Alors pourquoi ces réticences nouvelles envers le ministre de l'Intérieur ? Pourquoi ses coups à répétition portés par des éditorialistes qui, jusque-là, n'avaient guère fait preuve de pugnacité ?

D'abord, la surpuissance du phénomène Royal. Dans le jeu médiatique, il emporte tout sur son passage y compris Nicolas Sarkozy. Dans quelques jours, dans une poignée de semaines, la vague Royal se retirera, un peu, selon les règles du jeu en vigueur, permettant le retour au co-premier plan du « champion » de la droite.

Ensuite, le jeu torve des chiraquiens et des villepinistes, pas forcément le même ni les mêmes. Leur objectif unique ? La défaite de Nicolas Sarkozy et ce, quelque soit le prix. Leur candidat ? Non pas Chirac, Villepin ou MAM, des faux nez, mais Ségolène Royal ! Ils connaissent, eux la règle d'airain de l'élection présidentielle façon Ve République : la victoire le plus souvent se joue dans les marges… Et les anti-sarkozystes de droite entendent bien assurer cette marge à Ségolène Royal. Pour l'instant, ils se contentent d'une guérilla quotidienne contre le président de l'UMP. Précisément pour commencer à lui grignoter les électeurs marginaux et indécis. Détourner des votes, c'est aussi cela la garantie de la … défaite. A cet exercice-là, les chiraquiens ne seront pas forcément manchots.

Enfin, la nervosité de Nicolas Sarkozy constatée y compris par les siens -la double déstabilisation- celle de Ségolène, celle des chiraco-villepinistes- l'agace. D'où le coup de gueule, contre-productif, lâché envers Michèle Alliot-Marie. Pourtant, chacun sait que Nicolas Sarkozy se reprendra. Ne serait-ce qu'en raison de sa toute puissance à droite. Cela peut évidemment ne pas convenir, exaspérer, voire révolter, mais la droite est sarkozyste. Ségolène Royal, elle, le sait. Voilà pourquoi elle parle si peu du ministre de l'Intérieur. Les coups et le contournement, ce sera pour 2007. " (Marianne2007.info, 21/11/06)

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Le livre reste

L'écrivain italien Antonio Tabucchi reste confiant en l'écriture et les livres, malgré la concurrence : " On ne peut pas entrer en compétition. Mais, même si le programme qu'il y aura ce soir à la télévision italienne a dans l'immédiat une influence plus grande que celle de mon livre, ce programme sera demain remplacé par un autre. Un livre, on peut le lire demain, l'année prochaine. Il obéit à un autre rythme. D'ailleurs c'est ça la force de la littérature. On ne court pas sur le 100 mètres, car on perd toujours le 100 mètres. Mais un livre reste, il nous rappelle des choses, une réalité qui est la nôtre. " (Le Monde des Livres, 10/11/06)

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22.11.06

Le journaliste n'est pas un artiste

Le journaliste Christophe Barbier : " « L'écrivain, c'est celui qui fournit l'étincelle, assure Philip Roth. Sa machine à écrire est comme une poubelle. Il y verse des ordures, puis du pétrole, puis des ordures nouveau et, quand vient le moment, il jette une allumette. Le feu prend si ce sont ses ordures à lui, et si c'est un artiste. » Le journaliste, lui, n'est pas un écrivain, ce n' est pas un artiste. Quand il croit apercevoir dans les flammes le reflet de sa puissance, il ne réalise pas que s'y consume sa crédibilité. " Il estime que les médias doivent se méfier d'eux-mêmes quand il s'agit de montrer la violence, car dans les images excessives, la chasse au scoop l'emporte souvent. Ce qui n'apporte rien mais n'est pas sans danger. (L'Express, 26/10/06)

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Les gratuits ne sont pas contre la presse

A deux jours du 15ème congrès de la presse française, le sociologue et spécialiste des médias Jean-Marie Charon dresse ce constat : " Les journaux, mais aussi les magazines, les radios ou les télévisions, ont compris que le système médiatique dans son ensemble vivait une mutation accélérée. De l'apparition du Minitel dans les années quatre-vingt à l'explosion des gratuits et des contenus sur les nouveaux supports numériques (portables, PDA…), la menace d'un média « alternatif » s'est démultipliée. Les journaux doivent donc chercher des parades. Et, à mon sens, les gratuits peuvent être une riposte. Ceux-ci ne sont pas contre la presse, mais dans la presse. Maintenant, c'est vrai, peut-on aussi faire tourner une rédaction de 300 journalistes et ne pas faire payer le lecteur ? Complexe… " (Le 18h.com, 20/11/06)

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21.11.06

Sean Penn, acteur engagé

L'acteur américain est un des plus engagés politiquement à Hollywood. Il donne cette très bonne définition de son action : " Je suis un acteur sans doute, mais d'abord un citoyen. L'écrivain Norman Mailer a fait remarquer que le XXIe siècle pourrait bien être, à cause du surarmement et des guerres incessantes, celui qui verra l'homme disparaître de la surface de la Terre. Or moi, j'ai des enfants ; des responsabilités. Et j'ai le sentiment que dans mon pays les médias offrent une image déformée de la réalité. Je considère donc de mon devoir d'alerter les citoyens qui n'ont pas la même chance que moi, qui ne peuvent pas voyager comme moi, de ce que je vois. Je ne prétends pas avoir raison. Je prétends encore moins connaître la vérité. Mais nous pouvons, au moins, débattre de ce qui nous est dit. " (Le Monde 2, 21/10/06)

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Et si les jeux vidéo étaient bons pour les enfants ?

L'hebdomadaire Le Monde 2 titrait récemment " Jeux vidéo : et s'ils étaient bons pour les enfants ? ", allant ainsi à contre-courant du discours souvent entendu sur les effets néfastes de trop jouer. A Bordeaux, un atelier thérapeutique jeux vidéo a été ouvert à l'hôpital psychiatrique de jour. Au sujet des enfants qui y sont traités, le psychologue François Lespinasse dit ceci : " Ils acquièrent une compétence qui les valorise auprès de leurs parents. Ils rééduquent leur psychomotricité fine, gagnent en apaisement, en concentration, comprennent le lien interactif, et surtout mobilisent leurs capacités sur quelque chose d'extérieur à eux-mêmes, ce qui les conduit à échanger entre eux et avec nous. On craignanit que ces enfants se referment davantage encore sur eux-mêmes avec le jeu vidéo. Mais pas du tout ! " (Le Monde 2, 26/10/06)

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20.11.06

Lire pour savoir qui nous sommes

L'érudit et fou de livres Alberto Manguel vient de publier " La bibliothèque, la nuit ". Il parle des livres avec passion : " Lorsque j'étais enfant, je voyageais beaucoup et les livres que me lisait ma gouvernante étaient pour moi un point fixe où revenir. Je crois que nous sommes tous potentiellement de gros lecteurs. Nous sommes la seule espèce à avoir conscience d'elle-même. De ce fait, nous pensons que tout est histoire et donc que tout doit être écrit. Enfants, nous avons la faculté d'inventer des langages. Chez certains, cela se développe, pas chez d'autres. Le pourcentage d'authentiques lecteurs dans nos sociétés est minime, même si cette capacité de lire, je crois, nous définit. Nous sommes des animaux lecteurs... (…) L'économie a supplanté les activités intellectuelles. Le temple symbolique de la bibliothèque a été remplacé par celui de la banque. Le livre est devenu un business. On crée de faux lecteurs et beaucoup de faux livres, les vrais étant noyés dans la masse. Mais la littérature, authentique ou non, ne rapporte pas assez, et les comptables s'aperçoivent que Garcia Marquez paie moins qu'un kalachnikov. C'est la fin d'un certain humanisme, auquel nous reviendrons peut-être. (…) Le livre préserve la mémoire de nos expériences selon un code partagé - le langage - que l'on peut récupérer entièrement. Dans un disque, un film, la mémoire ne s'imprègne pas de la même façon. Ma crainte est qu'on oublie qu'il est essentiel de continuer à lire pour savoir qui nous sommes et que rien ne peut remplacer cette lecture. " (lexpress.fr, 26/10/06)

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19.11.06

La politique remplacée par le savoir-faire médiatique

Le documentariste Patrick Rotman ne se fait guère d'illusion sur nos hommes politiques : " La morale est incompatible avec la pratique politique de haut niveau. Pour atteindre le sommet, il ne faut pas faire de sentiment et il faut être capable d'appuyer sur la gâchette contre quiconque vous fait de l'ombre. Au stade où nous en sommes, non seulement il n'y a plus de morale - mais ça fait bien longtemps -, mais il n'y a plus non plus de dessein politique au sens gaullien du terme : le pouvoir pour faire quoi ? Dans la campagne électorale qui s'ouvre, cette question sera très subalterne. Elle est à mettre en lien avec le poids grandissant de l'image sur le contenu. La politique est évacuée au profit du savoir-faire médiatique. Aujourd'hui, tout homme - ou femme - qui veut arriver au sommet est obligé de mettre au cœur de sa stratégie politique la manière dont l'opinion le perçoit avant ce qu'il a à dire. " (Télérama, 18/10/06)

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18.11.06

Les 5 qualités pour être un grand président

Jacques Attali sur son blog hier : " Ainsi continue un destin d'exception. Ainsi commence à s'écrire une nouvelle page de l'histoire de France. Ségolène Royal est un être à part : animée d'une volonté sans limite, portée par des valeurs exigeantes, douée d'une exceptionnelle capacité de travail, soucieuse avant tout de protéger sa liberté de pensée, ayant passé par tous les métiers de la vie publique, du conseiller au ministre, dont sept ans à l'Elysée, elle dispose de toutes les qualités nécessaires pour exercer la plus haute fonction. Etre un grand président de la république exige en effet cinq qualités très particulières : il lui faut être capable de rassembler les siens, de convaincre une majorité des français, de définir une vision pour le long terme et de savoir mettre en oeuvre pendant son mandat . Ces quatre missions exigent des qualités fort différentes. Une cinquième est plus particulière encore : être capable de nouer une relation amoureuse avec la France. Seuls de Gaulle et Mitterrrand ont jusqu'ici rempli ces qualités. Ségolène Royal, dans un contexte radicalement neuf, doit maintenant démontrer qu'elle est digne d'eux. "

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Ils collectionnent les ordinateurs

Il y aurait 200 à 300 collectionneurs d'ordinateurs en France, pour l'essentiel des spécialistes du métier, quelque peu nostalgiques. Il s'agit d'une collection qui ne coûte pas cher, 20 € la machine environ, mais qui n'est pas sans inconvénient : le besoin de place, la durée de vie limitée de certains composants chimiques ou plastiques. Saviez-vous par exemple que le polystyrène protecteur fond avec le temps ? Il ne faut donc surtout pas laisser sa machine dans le carton. Un des ordinateurs les plus convoités est aujourd'hui l'Apple I, qui était en bois. (Le Monde, 07/11/06)

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17.11.06

A quel rythme gérer le recul... ?

L'éditorialiste Jean-Claude Guillebaud est dépité par le débat politique actuel : " Privées de ce grand lubrificateur social que représentait la croissance, nos démocraties se durcissent, se raidissent, tandis que réapparaissent les corporatismes, les individualismes frénétiques, les égoïsmes nus et cette « avidité des riches », que condamnait déjà Aristote. C'est pied à pied que la vieille sociale-démocratie et son État providence font retraite. Nous serions devenus un canton trop riche, trop vieux, trop lourd, dans un monde maintenant livré à la rivalité de tous contre tous. Pour affronter l'épuisant défi du marché mondial, il s'agirait de réviser à la baisse l'idée même que nous nous faisions de la justice. Derrière la crânerie électorale, la compétition entre une droite et une gauche interchangeables se réduirait-elle désormais à ce seul enjeu : à quel rythme gérer le recul ? C'est l'impression funeste que nous donne le médiocre débat en cours. " (La Vie, 09/11/06)

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Coup de foudre à la SNCF

Anne-Marie Idrac a remplacé il y a quelques semaines Louis Gallois à la tête de la SNCF : " Honnêtement, la SNCF, je ne vois pas ce qu'il y a de plus intéressant. C'est une des plus belles fonctions de la République. C'est un service qu'on rend tous les jours aux gens. " Souhaitons qu'avec cette belle déclaration d'amour les grèves disparaissent. (Le Monde, 09/11/06)

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16.11.06

Chine et Inde : quel avenir ?

L'essayiste et journaliste Thomas Friedman vient de publier " La Terre est plate ", le dernier livre dont tout le monde parle. Au sujet de la Chine et de l'Inde, il emploie ces comparaisons : " Quand je vais en Chine, les gens m'interrogent sur l'Inde. Quand je vais en Inde, ils me posent des questions sur la Chine. Si on veut trouver une image, on peut imaginer que ces deux pays sont sur deux grandes autoroutes. La chinoise a six voies. La chaussée est impeccable et les bas-côtés aussi. Il y a de l'éclairage. Les véhicules avancent très vite (…). Il y a un seul problème à l'horizon : un énorme ralentisseur appelé réformes politiques. Il n'y a pas dans l'Histoire de précédent de pays développé sans démocratie et sans pouvoir donné à la classe moyenne artisane du développement économique. La Chine n'échappera pas à cette règle. L'autoroute indienne est elle aussi à six voies. Mais la chaussée est couverte de nids-de-poule et de failles, les bas-côtés sont en chantier et il n'y a pas d'éclairage. Néanmoins, à distance, il semble que la chaussée s'améliore, les bas-côtés sont finis. Il faut seulement arriver jusque-là. Nous ne savons pas aujourd'hui si la voiture chinoise va exploser sur les réformes politiques ou passer sans encombre, et si l'avenir radieux de L'Inde est un mirage ou pas. " (Le Monde 2, 14/10/06)

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Clint Eastwood l'individualiste

L'acteur Clint Eastwood au sujet de son individualisme : " J'aime les gens qui défendent leurs idées sans baisser les bras. Je suis individualiste depuis le jour où j'ai dit à mon père que j'allais étudier l'art dramatique. Il m'a répondu : " Ne fais pas ça et trouve un boulot sérieux ". Je ne l'ai pas écouté. Quand vous croyez en quelque chose et que cela vient des tripes, il faut le faire. " (L'Express Mag, 19/10/06)

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15.11.06

Internet : le meilleur ami de l'écrit

Christophe Barbier, le patron de L'Express, dans un récent édito : " Internet, après des années de doute, s'affiche comme le meilleur ami de l'écrit, quand les pessimistes dénoncent encore un tueur de mots stipendié par l'image et les sceptiques un gadget voué à l' « information de service » - programmes de télévision ou petites annonces. Aux Etats-Unis, 55,5 millions de lecteurs ont consulté chaque mois les sites des journaux lors du premier semestre de 2006, contre 42,4 millions l'an passé : + 31 % ! Avec, à la clef, une forte augmentation des jeunes lecteurs, puisque le Net, c'est aussi de l'écrit… Le cyclone Net n'a pas fini de chambouler la planète, de soulever des tourbillons d'incertitude et des vents d'aventure. Ce n'est pas une nouvelle technologie, mais une nouvelle façon de vivre l'économie, la culture, les médias, les rencontres… Ceux qui ignorent encore cette révolution, certes, parviendront à survivre. Comme, après l'invention de l'électricité, les fabricants de bougies surent ne pas disparaître. Pas tous. Pas tout de suite. " (L'Express, 19/10/06)

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Un dessin peut montrer l'invisible

Le dessinateur de presse Plantu au sujet de son art : " C'est la force du dessin : il peut effectuer une surimpression, un télescopage, au contraire de la photo, qui est prisonnière de l'événement. Lors des accords de Madrid en 1991, j'ai dessiné Arafat, assis par terre, à côté de la table de négociations. Dans la réalité, il n'était pas présent. Mais c'était comme s'il était là. Seul un dessin peut montrer l'invisible, et même l'avenir " (L'Express, 12/10/06)

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14.11.06

Nouveau défi : réussir sa longévité

Joël de Rosnay, biochimiste et coauteur en 2005 de " Une vie en plus. La longévité, pour quoi faire ? " : " Il devrait être possible d'allonger d'une trentaine d'années encore la durée de vie pour la grande majorité des gens et, surtout, de vivre en forme pendant ces années supplémentaires. Une partie relativement importante de la population française atteindra sans doute une espérance de vie de 95-110 ans vers 2080, essentiellement en raison des progrès de la médecine. Nous ne pouvons pas vraiment agir sur notre héritage génétique - qui reste important puisqu'il existe des gènes de la longévité - ni sur l'environnement dans lequel nous vivons mais nous pouvons déjà contrôler notre mode de vie, notre alimentation, l'entretien de notre corps, notre sommeil et notre capacité à nous détendre pour vieillir en forme. Le défi d'aujourd'hui, ce n'est pas d'accéder à l'immortalité, mais bien de réussir sa longévité. " Dès aujourd'hui, un homme ou une femme de 70 ans a la condition physique d'un quinquagénaire du XIXe siècle. (Le Monde 2, 14/10/06)

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Accéder à la somme du savoir humain

Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia, a un objectif clair : " Notre objectif est ambitieux : regrouper et donner accès gratuitement à la somme du savoir humain. Mais je crois, en toute modestie, que le monde en a besoin. " (L'Alsace Week-End, 10/11/06)

13.11.06

Où est passé l'espoir né le 9 novembre 1989 ?

Le journaliste Bernard Guetta fête presque avec nostalgie l'anniversaire de la chute du mur de Berlin : " Où sont passés la joie, l'espoir, l'ivresse de ce moment ? Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait et le monde voyait déjà se dessiner un «nouvel ordre international», fondé sur la liberté, le droit et la concertation. Dix-sept ans plus tard, ce rêve a fait long feu. Ce n'est pas que tout serait noir en ce début de siècle. On y voit même la République démocratique du Congo organiser des élections régulières après quatre années de guerre et de massacres ; toute l'Afrique subsaharienne pourrait en être stabilisée. Et, plus sûrement, sous nos yeux, l'Europe centrale rattrape son retard économique, l'Asie sort de la misère absolue, l'Amérique latine vote à gauche sans crainte de voir revenir le temps des putschs. Tout n'est pas noir, certes, mais rien de tout cela ne peut faire oublier le vide, l'incertitude, le chaos dans lesquels nous plongeons chaque jour un peu plus. L'Europe est en panne, au moment même où l'Amérique, paralysée sur la scène internationale par son aventure irakienne, doit maintenant attendre sa prochaine présidentielle, dans deux ans, pour redéfinir ses politiques. L'Occident est au point mort, alors que la concurrence des pays émergents malmène ses économies, que la Corée du Nord et l'Iran se dotent de la bombe atomique, que le radicalisme ne cesse de marquer des points dans le monde arabo-musulman, que la Russie est en situation de remettre la main sur son empire et qu'on ne peut plus monter dans un avion avec un tube de dentifrice tant l'ombre du terrorisme obscurcit l'horizon. Tout n'est pas noir, en somme, mais l'imprévisibilité de ce temps ferait presque regretter l'équilibre de la terreur… " (lexpress.fr, 09/11/06)

Libellés :

Du bonheur de partir

La grande reporter Manon Loizeau, de l'agence Capa, a reçu le prix Albert-Londres pour son reportage sur l'infanticide en Asie. Tous ceux qui ne bougent plus et ceux qui ont peur de l'avion feraient bien de méditer ses mots : " Mes amis m'appellent " la SDF internationale ". J'ai toujours ma maison sur le dos. Et dès que j'entre dans un avion, je respire... " (Télérama, 18/10/06)

12.11.06

" Fragilité " de Jean-Claude Carrière

Une pépite de lecture à lire : " Fragilité "
L'AUTEUR : Jean-Claude Carrière est scénariste et écrivain.
LE GENRE : essai
L'EDITEUR : Odile Jacob, 288 p.
LE SUJET :
Nous sommes tous fragiles et de passage. Nous en prenons toujours plus conscience avec le temps qui passe, qui nous rapproche de la mort, cette condamnation inévitable. Après l'insouciance de la jeunesse, cette certitude nous accompagne au quotidien. Face à cela, il appartient à chacun de se fortifier, de s'abriter, de recourir à son imagination. Notre fragilité en est le moteur essentiel.
EXTRAITS :
"… Nous pouvons trouver presque partout, à l'origine de nos actions et peut-être même de nos pensées, cette source commune que j'appelle « fragilité ». Elle est comme un projecteur discret que nous pouvons allumer facilement et sans effroi, quand une lumière nous manque. Qu'elle soit évidente ou masquée, qu'elle soit refoulée et niée chez les amateurs de puissance, qu'elle soit d'abord perçue chez les autres comme par ceux qui pratiquent spontanément la charité, elle est là. Aucun doute. Nous pouvons à chaque instant y revenir, avec la certitude de la retrouver intacte. "

" Il faut l'admettre, le vrai nous fuit. Nous sommes à l'image de notre occupation du sol : nous avons perdu toute profondeur et nous ne vivons que dans la surface. Tandis que nos moyens d'analyser le monde, et de le modifier si nécessaire, se font chaque jour plus efficaces, nous refusons de voir comme nous refusons de faire. Obstinément, nous nous réfugions dans le faux-semblant, comme font les écologistes quand ils en viennent à la politique. Nous n'avons aucune perception de notre pollution intérieure, de la vermine qui ronge silencieusement notre esprit. Nous oublions pour quoi nous sommes là. Nous oublions même que nous sommes là. "

" Notre seule dimension d'envergure nous est apportée par l'imaginaire. Nous le savons depuis longtemps. Nous ouvrons à notre gré d'autres mondes, d'autres pouvoirs, d'autres perspectives, d'autres lumières. Mon imagination me présente un autre moi-même où ma réalité temporaire et dérisoire se transforme, par un déclic, en visions immenses… À ces moments-là, l'immortalité n'est plus une espérance. Elle est à nous… Voilà sans doute, avec l'amour, le meilleur remède à notre faiblesse. Et le plus ancien. "

" Restons curieux, et même vivons par curiosité. La planète en vaut la peine, même dans ce qu'elle a de plus cinglé, de plus loufoque. Essayons d'être surpris sans cesse, et de nous surprendre. Cela peut aller vers le pire, c'est vrai. Autant s'y attendre. Il faudra lutter contre. Aimons l'irrégulier, l'inattendu, le mal assuré, l'ondulant, le flexible, le prétendu frivole. Avançons-nous sans crainte dans les corridors de l'ambigu. Aimons quelquefois l'ignorance et méfions-nous de tous les prêcheurs. La Vérité majuscule est le parangon de nos illusions. Nous ne pouvons prétendre qu'à quelques petites vérités de passage, vite déclarées, toujours discutées, souvent oubliées. Nous devons préserver notre fragilité comme nous devons sauver l'inutile. L'inutile, parce qu'il nous sauve du simple calcul productif, maître du monde. Il nous permet de nous en évader, il est notre issue de secours. La fragilité, parce qu'elle nous rapproche les uns des autres, alors que la force nous éloigne. "
UN AVIS :
Ce livre est une bouffée d'oxygène dans nos vies étriquées, influencées par le flot incessant de l'actualité et la pression consumériste à l'œuvre en permanence. Réaliser pleinement que notre vie est fragile doit nous conduire à en faire une force pour l'action. Inutile de chercher un sens supérieur à tout cela, ce qui compte est de bien vivre, en se méfiant des vérités, en cultivant imagination et curiosité.
UNE NOTE : ++ : bon moment.

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11.11.06

Mais que fait la police ?

" Nous sommes dans une société où les pizzas arrivent plus vite que la police. " Dixit Claude Chabrol. (cité par Le Monde, 09/11/06)

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10.11.06

" Génération désenchantée "

Une pépite de lecture à lire : " Génération désenchantée "

L'AUTEUR : Bernadette Bawin-Legros est sociologue de la famille

LE GENRE : essai

L'EDITEUR : Payot, 224 p.

LE SUJET :

Ce livre est le portrait de la génération désenchantée des trentenaires. Ils sont les enfants de ceux qui ont fait mai 68, qui ont proclamé la mort de l'autorité du père et libéré les corps. Cette génération a grandi sur fond de crise et a été marquée par trois événements majeurs à l'âge normal des rêves : la chute du mur de Berlin, la première guerre en Irak et le sida. Elle a aussi connu les premiers divorces massifs. Alors qu'avant la trentaine était l'âge où on se range, c'est désormais l'âge des doutes, des premières séparations, de la recherche d'un emploi valorisant, du désenchantement, et parfois du premier enfant. Leurs archétypes : Ally McBeal et Bridget Jones. Imprégnés d'un déficit d'autorité parentale, ils ont l'habitude de tout négocier. Ils sont les premiers à avoir connu la démocratie familiale. Ils sont dépolitisés car ils rejettent toute forme d'autorité. Ils sont très attachés à leur liberté, sont tolérants et cultivent le respect d'autrui. Voyager est pour eux un mode de vie. Parmi les raisons essentielles du désenchantement : le chômage, le sida, les difficultés à vivre en couple, le matérialisme qui régit notre existence et cette idée selon laquelle " tout est trop cher ", ils ne sont des modèles pour personne. Au pire, certains estiment cette génération perdue...

EXTRAITS :

" Les symptômes névrotiques, qui correspondaient au paternalisme autoritaire et puritain, ont laissé place, sous la poussée de la société permissive, à des désordres narcissiques, informes et intermittants. Les patients ne souffrent plus de symptômes fixes, mais de troubles vagues et diffus, liés à l'ère du vide. "

" Parmi les trentenaires, on rencontre bien d'autres jeunes dont les parents n'ont pas connu de drames conjugaux, de séparations ou de divorces. Mais ce qui frappe chez eux, c'est l'absence d'avenir précis, l'absence de projets d'enfants et l'incertitude sur les objectifs à très long terme. Tout se passe comme s'ils ne s'appropriaient pas leur avenir et manquaient de réflexivité… Le « on verra bien» est fréquent chez les trentenaires interrogés. "

" À leur âge, les parents de ces jeunes trentenaires étaient déjà mariés, installés et souvent parents. Aujourd'hui, les trentenaires sont indécis. « Je n'ai pas de projet précis, et je veux que cela dure », tel pourrait être le slogan de cette génération à la fois très libre et fort peu autonome. "

UN AVIS :

Pour moi qui suis un trentenaire, il est étonnant de lire le portrait d'une génération qui est aussi mon portrait. On ne se retrouve pas à 100 % dans tous les traits décrits, mais l'essentiel est là et sonne juste. Cela permet de se voir en face et de réfléchir un instant. Et c'est vrai que pas grand-chose ne nous a été épargné depuis que nous sommes à l'âge adulte. Mais peu importe, l'avenir nous appartient !

UNE NOTE : ++ : bon moment.


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Maintenir la flamme créatrice

« Nous ne sommes pas tous président de la République, mais nous avons tous quelque chose à apporter au monde… du moment que nous maintenons allumée la flamme créatrice de notre être. » Dixit le psychanalyste Guy Corneau. (Psychologies, octobre 2006)

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9.11.06

La crise des transmissions parents-enfants

" Le constat nouveau, c'est qu'il n'y a plus de transmission volontaire de la part des parents. Le rapport à la culture humaniste, héritée, s'est complètement perdu, y compris chez les enfants d'origine fav0risée. On observe, en revanche, un renforcement très fort des relation entre pairs, et de la pression culturelle imposée par les groupes, surtout pour les garçons. Chez les jeunes, les produits culturels sont très liés à leur capacité à créer du lien social. Ce qui circule donc, c'est beaucoup de musique (r'n'b, rap, rock essentiellement), des contenus télévisuels pour les filles et des jeux vidéo pour les garçons, tout cela encouragé par la démultiplication des pratiques de communication : portables et SMS, chats sur Internet. Et dans ce système, il est très difficile pour les jeunes d'aimer quelque chose que les autres n'aiment pas. Certains élèves peuvent avoir des stratégies, et des pratiques, dont ils ne parlent jamais au lycée, mais elles ont en général du mal à perdurer - parce que écouter du jazz, par exemple, n'a aucune rentabilité sociale. La transmission verticale, venant des parents, n'est donc plus possible, parce qu'elle est trop contrariée par la normativité de la culture horizontale, la culture des pairs. " Dixit la sociologue Dominique Pasquier, qui a mené une enquête sur ce thème dans différents lycées. (Les Grands Dossiers de Sciences Humaines, septembre-octobre-novembre 2006, consacré à " Une société face à sa jeunesse ").

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Les jeunes quittent la maison à 21 ans

Une étude de l'Ined vient de montrer que c'est en moyenne à 21 ans que les jeunes quittent la maison. Dans les années 50, cet âge correspondait à la constitution des couples. Aujourd'hui, le départ se fait pour la poursuite des études ou pour occuper un emploi. Par ailleurs, 43 % des enfants voient leur père ou leur mère chaque semaine. (Le Monde, 13/10/06)

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8.11.06

La culture comme un antidote

" La finance et la culture sont, selon moi, les deux piliers de la société du XXIe siècle, qui, loin d'être incompatibles, sont complémentaires. Je vois la culture comme un antidote aux effets négatifs de la mondialisation : l'uniformisation des pensées ; l'émergence de modèles dominants aseptisés. Face à l'avancée inexorable de la financiarisation mondiale, la culture est le seul socle identitaire qui reste à chaque citoyen. C'est elle aussi qui invite à la tolérance et au respect des autres. " Dixit le financier Marc Ladreit de Lacharrière, qui lance une fondation pour le mécénat. (L'Express, 05/10/06)

Contre la peine de mort

Le sénateur socialiste Robert Badinter, dont le combat est l'abolition universelle, et qui vient de publier " Contre la peine de mort " : " Dans aucun des pays où ce châtiment a été aboli, la criminalité sanglante n'a marqué de bond en avant. Le crime atroce est indifférent à la présence ou à l'absence de peine de mort. Elle satisfait l'instinct de vengeance mais n'est pas dissuasive ; elle libère la pulsion de mort. Dans les pays abolitionnistes, si l'expérience avait montré une augmentation de la criminalité, la peine de mort aurai été rétablie. Cela n'est jamais arrivé. Par tempérament et formation, en raison de mon métier d'avocat, j'avais toutes les raisons d'être hostile à la peine de mort. (…) L'abolition a beaucoup progressé mais il reste, hélas, des bastions de résistance. La Chine est le pays où le nombre d'exécutions est le plus important : il est estimé à près de 10 000 par an. La peine de mort est aussi appliquée dans les États islamistes intégristes, d'abord en Iran, puis en Arabie saoudite et dans les Émirats arabes unis, au nom d'une interprétation intégriste de la charia. (…) Sur le continent américain, de Cuba aux Etats-Unis, le châtiment subsiste. En Afrique, l'abolition progresse lentement. (…) L'abolition confère à la démocratie une dimension éthique. Au contraire, l'assassinat judiciaire ou extra-judiciaire entretient un lien historique avec la dictature. Je pense aux cris des généraux fascistes espagnols pendant la guerre civile : « Viva la muerte ! » Le sens final de l'abolition, victoire de l'homme sur lui-même, est là, dans le respect absolu de la vie humaine, même chez les êtres les plus indignes. Il faut proclamer le cri inverse : « Vive la vie ! » " (La Vie, 05/10/06)

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7.11.06

Quel programme pour l'élection présidentielle ?

Le journaliste Patrick Jarreau, dans " Le livre du jour " consacré à " Que faire ? Agenda 2007 " de l'essayiste Nicolas Baverez : " La politique française a vécu, depuis trente ans, dans la nostalgie des années de forte expansion, produite par une combinaison heureuse de dirigisme, de dynamisme industriel et de compromis social et politique entre la droite gestionnaire et la galaxie communiste et cégétiste. Ce modèle est révolu. Le refus de l'admettre et d'en tirer les conséquences explique, pour Nicolas Baverez, les échecs et le malaise qui se sont installés au cours des années 1990 et 2000. Il estime que la France a besoin d'un changement comparable à celui que représente l'Agenda 2010 pour l'Allemagne ou les réformes du gouvernement Koizumi au Japon. Son autre référence, affirmée de façon plus discrète tant elle est propre à hérisser le poil national, est la transformation menée à bien en Grande-Bretagne par Margaret Thatcher, prolongée et corrigée par Tony Blair. (…) Les remèdes qu'il propose s'appuient sur le constat des dégâts provoqués par des dispositifs législatifs et sociaux visant avant tout à mettre des groupes sociaux à l'abri de la concurrence, de la confrontation et du risque. Les avantages de cette situation, pour ceux qui en bénéficient, se paient, selon lui, d'une croissance molle, insuffisante pour réduire le chômage et faire reculer la pauvreté. Rangées en six chapitres, des institutions à la nation, ses propositions obligent à réfléchir et à se demander si les programmes avancés par les candidats déclarés ou potentiels sont bien à la hauteur des problèmes posés. Qu'on soit convaincu ou non par ses recommandations, la sagesse conseille de ne pas les ignorer. " (lemonde.fr, 20/10/06)

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La plaie des vols en magasin

5,29 milliards d'euros : c'est le montant des vols en magasin en France sur les douze derniers mois. En Europe, les vols dus aux employés indélicats représenteraient 30,7 % de l'ensemble. (www.lexpansion.com/18h, 04/10/06)

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6.11.06

Vers une nouvelle révolution copernicienne ?

" Nous vivons depuis une dizaine d'années une époque charnière dans l'histoire de la biologie et de la médecine. Certains évoquent ici, à juste titre selon moi, une révolution copernicienne qui nous amènera inévitablement à remettre en question beaucoup de nos certitudes actuelles sur le sens de la vie et de la personne et, par voie de conséquence, de ce qui précède la personne : l'être prénatal. Si l'on change de focale, cette révolution est en marche depuis 1821, date à laquelle Alexandre Le Jumeau, vicomte de Kergaradec, découvre l'existence du battement cardiaque foetal. On a ainsi commencé à prendre réellement conscience qu'il s'agissait d'un être vivant dans l'utérus de la mère. Vinrent l'embryologie, l'échographie obstétricale, la procréation médicalement assistée. Et, finalement, la prise de conscience inévitable que l'être prénatal a une réalité qui n'est pas réductible à la réalité de l'être né. D'où cette ambiguïté qui nous fait vouloir protéger, soigner, cet être né et, dans le même temps - avec les cellules souches embryonnaires - devoir accepter l'éventualité de le détruire. " Dixit Claude Sureau, professeur de gynécologie-obstétrique et membre du Comité national d'éthique. (lemonde.fr, 22-23/10/06)

Tendance baissière pour l'immobilier

Le chroniqueur économique Eric le Boucher estime que les prix de l'immobilier ont connu leur pic ces dernières années et que la tendance pourrait bientôt s'inverser. " L'argent devient plus cher, la Bourse repart. Surtout, le vieillissement va jouer négativement. Les baby-boomers qui se sont pressés hier pour acheter une maison au soleil pour leur retraite vont changer d'objectif et penser à leur santé, bref les revendre pour acquérir des logements en ville, voire médicalisés. Les acheteurs, les actifs sont, eux, en nombre qui va diminuant. Le marché immobilier pourrait s'installer sur une tendance baissière, comme au Japon ou dans les années 1970 lors du départ des baby-boomers de l'après-14-18. " (lemonde.fr, 8-9/10/06)

5.11.06

La révolution Amazon

" J'ai suivi tout ce qui s'est passé en France autour de la vente de Vivendi Universal Publishing, et qui ressemble à ce que nous connaissons ici. La volonté de concentrer, de jouer la carte commerciale. Pourtant je ne suis pas du tout pessimiste, je suis même tout à fait optimiste sur la capacité de résistance de l'édition de qualité. Et ce n'est évidemment pas par inconscience, ou parce que je serais un doux rêveur, ce qui ne correspond pas vraiment à ma réputation… Je crois même que le circuit de vente des livres va se développer d'une manière très favorable aux livres de qualité. Les grandes chaînes de librairie, qui sont extrêmement néfastes, ne mettant en avant que des livres médiocres, à vente rapide, et négligeant totalement le fonds, sont en perte de vitesse. Grâce notamment à Amazon, qui est une révolution. Le marché va se partager entre Amazon et les librairies indépendantes, dont le réseau, aux Etats-Unis, a été bien endommagé, mais va se reconstruire. Je suis certain que les défaitistes se trompent. " Dixit l'agent littéraire, redouté et respecté, Andrew Wylie. (lemonde.fr, 06/10/06)

Libellés : ,

4.11.06

" Overdose d'info "

Une pépite de lecture à lire : "Overdose d'info "

LE GENRE : essai

L'EDITEUR: Seuil, 198 pages

L'AUTEUR : Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et chef de service à l'hôpital Bichat

LE SUJET :

L'hypocondrie médiatique est un nouveau phénomène de société. " L'hypocondriaque de l'actualité croit que c'est le monde qui est malade. Il suit les annonces des journaux comme autant de menaces personnelles… Nous nous installons dans une sorte de défaitisme tranquille suggérant que le monde va tellement mal que nous n'y pourrons rien changer… L'hypocondrie sous toutes ses formes crée une relation d'emprise. Celui qui a peur de la maladie ou de la fin du monde cherche un protecteur. Il perd peu à peu l'envie et les moyens de se révolter. « Toujours bouleversé mais jamais actif » pourrait résumer sa relation à l'actualité ou au risque de maladie. "

EXTRAITS :

" Après avoir étudié l'histoire de la presse en Angleterre, John Sommerville a voulu mettre en garde ses contemporains. Il a été frappé par les dangers que le journal de 20 heures (le six 0 'clock news des Américains) fait courir à notre tranquillité. Dans un pamphlet peu connu en France, il a montré que l'« asservissement médiatique » était avant tout une bonne affaire pour les nouveaux diffuseurs d'actualité. Son postulat de base est économique. Les pourvoyeurs de news doivent nous rendre fous pour nous transformer en clients réguliers. Ainsi, ils peuvent nous vendre leur dose de terreur quotidienne, mais aussi leurs services et leurs publicités. L'industrialisation de l'information déclenche, à en croire John Sommerville, un processus de décérébration collective. Le sous-titre de son livre ne laisse pas de doute sur son propos: « la mort de la sagesse dans une société de l'information ». "

" Toute la mise en scène de l'actualité est faite pour éviter le cauchemar économique de l'absence de changement. Les amateurs de sport n'échappent pas à la pression de l'actualité menaçante. Les matchs s'enchaînent selon une logique de production maximale d'information nouvelle, de suspense et de coups de théâtre. "

" L'Internet a changé la vie des amateurs d'actualités. Il a fait plonger dans la dépendance nombre de ceux qui se contentaient de la lecture quotidienne d'un journal imprimé. La possibilité de se connecter en permanence crée une nouvelle relation à l'information. L'Internet est bien - les patients que je rencontre me le confirment - un nouveau stupéfiant. Il est un sujet de préoccupation pour bien des parents, qui viennent me demander comment raisonner leurs enfants quand ils passent leurs journées et leurs nuits face à un écran. Il faut dire que l'Internet possède bien des charmes pour nous piéger… "

UN AVIS :

Voici une petite lecture salutaire qui s'adresse tant aux vrais drogués de l'info qu'aux simples curieux de l'actualité. L'auteur vous invite tout d'abord à mesurer par un test votre dépendance à l'actualité. Il expose ensuite toutes les formes et les causes de dépendance avant de proposer des moyens de s'en défaire. A ce niveau, il fait appel entre autres à la philosophie classique de Marc-Aurèle. Au passage, son analyse de la nouvelle passion des Français pour internet vaut le détour. Avant la lecture de ce livre, je n'imaginais pas à quel point la dépendance à l'actualité, à internet, aux blogs, pouvait prendre une forme aussi maladive chez certains. Me voilà prévenu et vous aussi !

UNE NOTE : ++ : bon moment.

3.11.06

L'usine était la colonne vertébrale de la société

" Le problème posé par le déclin industriel ne se limite pas à celui des emplois détruits. C'est un véritable changement de société qui est en jeu. L'usine était hier bien plus qu'un lieu de production. Elle constituait en fait la colonne vertébrale de la société tout entière. Toutes les strates de cette dernière y étaient réunies : les ouvriers, les contremaîtres, les ingénieurs, chargés de rendre productif le travail des ouvriers. Même les patrons étaient des salariés comme les autres, cherchant à protéger leurs troupes des risques industriels. Pour prendre une image, une entreprise qui faisait des maillots de bain fabriquait aussi des parapluies pour se protéger des risques climatiques. Aujourd'hui, cette organisation est entièrement démembrée. Les patrons sont devenus des actionnaires et diversifier le risque ne les intéresse plus. Un actionnaire n'a pas besoin que l'entreprise diversifie ses activités. Il lui suffit, pour se protéger du risque, de posséder des actions de différentes firmes. Ce sont désormais les salariés qui se retrouvent exposés au risque économique et les actionnaires qui s'en protègent. Quant aux ingénieurs, ils restent entre eux dans des bureaux d'études. Personne ne se préoccupe plus de rendre productifs les ouvriers non qualifiés. " Dixit l'économiste Daniel Cohen, qui vient de publier " Trois leçons sur la société postindustrielle ". (lexpress.fr, 28/09/06)

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Plus peur de rien

" J'ai peur dans l'avion. J'ai peur des moustiques. J'ai peur de perdre ceux que j'aime. J'ai tellement peur de tout que, finalement, je crois que je n'ai peur de rien. " Dixit l'écrivain et directeur des éditions Stock Jean-Marc Roberts. (L'Express Mag, 05/10/06)

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2.11.06

C'est le temps qui nous tue !

" L'expression « tuer le temps » est significative. En fait, c'est le temps qui nous tue, car notre seul capital, celui qui est hélas physiquement non extensible, est le nombre de jours qu'il nous reste à vivre. Le seul moyen d'échapper à cette effroyable réalité est de dilater psychologiquement chaque heure, chaque minute. Pour cela, il faut enrichir chaque instant d'expériences (denses) bourrées de sens, d'émotion, de beauté, d'émerveillement. Nous avons tous expérimenté l'impression que nous laissent nos souvenirs de voyages lointains. Une semaine semble avoir duré un mois, et plus l'expérience a été variée, plus les images, les sons, les idées sont condensés, plus on a la sensation d'avoir vécu davantage. De ce point de vue, la pratique active de la culture " multiplie la vie ". On pourrait presque affirmer que l'homme cultivé vit plus longtemps ! " Dixit l'enseignant et consultant Bruno Lussato, dans " Le défi culturel ". Ce livre date de 1989 mais n'a quasiment pas pris une ride. Je ne peux que vous en conseiller la lecture. L'auteur explique tout le sens d'une bonne culture générale et donne des pistes pour la construire.


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Quelques critères pour juger une oeuvre d'art

" Je juge une œuvre d'art en fonction de sa capacité à me donner du plaisir, bien sûr, mais surtout de sa pertinence, qui repose sur ce que j'appelle son « quotient schizophrénique » : pour moi, l'intérêt d'une œuvre vient de la multiplication des approches et des interprétations qu'elle permet. Plus le « quotient » est élevé, plus l'œuvre est dense et se révèle intéressante. Ce qui compte, ce n'est donc pas ce qui est donné à voir, ce n'est pas l'esthétique. Pour moi, l'art contemporain s'apparente en somme à un film de Hitchcock qui s'achèverait en milieu de projection. A ce moment du film, on ne connaît pas la solution de l'énigme, mais on a une multitude d'interprétations possibles. " Dixit le nouveau directeur du Palais de Tokyo à Paris, Marc-Olivier Wahler. De l'art contemporain il dit encore ceci : " C'est surtout un regard, un état d'esprit, une sensibilité, la démolition des a priori, bref, une hygiène mentale. Il met en perspective notre façon de vivre et de voir, d'appréhender l'existence. Mais il n'interdit pas de s'intéresser à autre chose. Bien au contraire. " (lexpress.fr, 28/09/06)

1.11.06

L'argent ne fait pas le bonheur

Le mensuel Sciences Humaines d'octobre s'est posé la question de savoir si l'argent faisait le bonheur. Extraits : " L'imagination idéalisée du paradis ne correspond qu'à quelques moments furtifs de sérénité. Les images de carte postale promettent des plaisirs fugaces et non des états de grâce permanents. " Il y a deux drames dans la vie, disait Oscar Wilde, celui de ne pas obtenir ce que l'on désire, et celui de l'obtenir. " Ce décalage entre le bonheur attendu et le bonheur effectif proviendrait d'une confusion. Lorsqu'on anticipe sur le bonheur supposé des gagnants du loto ou le malheur des paralysés, on confond leur état après l'événement et la situation sur le long terme. S'il nous semble que l'on doit être infiniment heureux de gagner au loto et terriblement malheureux d'être paralysé, c'est que l'on confond deux choses : la joie procurée au moment du gain et l'état permanent qui s'ensuit les mois et les années d'après. C'est tout de même une relative bonne nouvelle pour les nouveaux paralysés (plus nombreux que les gagnants du loto) : le grand désespoir lui aussi ne perdure pas et, le temps passant, la plupart s'adaptent et retrouvent le niveau de satisfaction d'antan. (…) Sur le long terme, le taux de bonheur reste stable dans un pays donné. (…) Leçon de morale : le confort n'apporte pas le bonheur, il déplace les aspirations vers d'autres domaines. (…) Il n'y a pas d'écart très significatif entre le niveau de bien-être des couches populaires et celui des milieux aisés. Tout au plus peut-on dire que les très pauvres sont un peu plus malheureux que la moyenne, car plus exposés et fragilisés lorsque surviennent des problèmes de santé, compte tenu des coûts élevés des soins. (…) Il ne suffit pas de gagner plus pour être heureux, mais de bien savoir dépenser son argent. " Le papier est signé de Jean-François Dortier.

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Contre les journalistes, ces éternels gêneurs

" Pour les responsables politiques, participer à la " blogosphère " est une cure de jouvence et une épreuve de réhabilitation. Non, ils ne sont pas lointains, hautains, repliés sur leur monde, incapables de tenir compte de ce que pensent les simples citoyens. Et puis, le blog leur permet de réaliser leur rêve de toujours : communiquer avec les électeurs sans l'intermédiaire de ces éternels gêneurs que sont les journalistes. " Dixit Patrick Jarreau dans sa chronique politique. (Le Monde, 30/09/06)

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