30.11.06

Quand la voiture n'est plus un rêve

Le journaliste Laurent Greilsamer estime que le comble du chic est désormais de ne pas posséder de voiture :

" La France d'en haut circule désormais en avion, en TGV ou en voiture de maître. A la rigueur peut-elle envisager de louer un véhicule pour une période de vacances. Les classes moyennes oscillent entre la voiture (classique et conformiste), le vélo (écolo et pratique) et les transports en commun (l'une des dernières expériences de brassage social : salutaire et instructif). La France d'en bas n'a pas le choix. Elle transite tous azimuts avec le sentiment d'être traquée, pressurée.

La voiture est devenue son cauchemar. La marque de son exclusion. Car la France d'en bas roule dans des voitures déglinguées. Elle roule le regard rivé sur la jauge d'essence. Elle roule dans l'angoisse du radar et du couperet automatique : l'amende exorbitante et le retrait de points sur le permis. Elle roule entre colère et frustration, parfaitement consciente d'être la victime d'une discrimination négative sans vergogne.

La voiture n'est plus son rêve, mais son humiliation. Et l'Etat un adversaire impitoyable qui l'enfonce, l'asphyxie. Il joue les vertueux, mais la pousse au surendettement sans songer à rendre le permis de conduire gratuit et obligatoire au terme de la scolarité.

Dans le coût que représente aujourd'hui le passage du permis, dans le montant des contraventions généreusement distribuées, dans le prix exigé par l'Etat pour redonner une partie des points retirés, il y a comme une réminiscence de gabelle. Le poids d'un impôt injuste et oppressif. Une forme de nitroglycérine. "

(lemonde.fr, 14/11/06)

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