10.9.07
14.3.07
Internet : une machine à produire de la différence
Le journaliste Jean-François Dortier au sujet du spectre de l'uniformisation culturelle :
" La mondialisation de l'industrie culturelle est une réalité, mais celle-là ne produit pas que de l'uniformité. Elle est aussi une machine à inventer et réinventer sans cesse (nouveaux livres, nouveaux films, nouveaux disques, nouvelles chaînes de télévision), à occuper des « niches » particulières, à lancer de nouvelles modes. Certes l'industrie culturelle du spectacle de masse produit et diffuse à l'échelle planétaire Harry Potter ou les images des Jeux Olympiques, mais de l'autre, se maintiennent et prolifèrent une multiplicité de niches culturelles spécifiques : la musique classique occidentale coexiste avec le jazz, le hip-hop, avec le rock, la variété avec les musiques traditionnelles. Paradoxalement, la mondialisation autorise la prolifération de microcultures spécifiques et redonne vie à des traditions en voie de disparition. Elle permet aussi d'entretenir une passion ou de créer une communauté d'affinités qui n'aurait pu exister et s'exprimer à l'échelle d'une ville, d'une région. Ce que décrivait le sociologue Robert Park à propos de la ville est devenu vrai à l'échelle de ta planète : Internet est un nouveau laboratoire social, où les individus peuvent se regrouper en fonction de leurs affinités électives. Le Web permet la constitution inédite de communautés de savoirs, de jeux, de cultes, de passions et cultures diverses. L'individu peut entrer en contact avec une autre communauté invisible, mais bien réelle. (…) Paradoxe : la mondialisation des marchés et Internet sont de ce point de vue de formidables machines à produire de la différence ! "
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29.1.07
La culture d'aujourd'hui ne nous sert à rien
L'écrivain Arturo Pérez-Reverte, ancien reporter de guerre, et sa vision de notre société : " Je n'ai pas une bonne image de la société. Et il ne s'agit pas d'une question idéologique : c'est mon instinct qui parle. Jusqu'à quel point faut-il avoir pitié d'une collectivité qui ne veut pas regarder la réalité en face ? Des individus, oui, on peut avoir pitié, mais de la société, non. Une société qui, neuf cents ans après Homère, a eu toutes les informations nécessaires sur l'horreur et n'est même pas capable de les utiliser pour se protéger ? Qui préfère s'installer dans une fiction confortable, en se rendant complètement vulnérable ? Une fois, entre Larnaka et Beyrouth, la foudre est tombée sur l'avion dans lequel je me trouvais. Tout le monde s'est mis à pousser des hurlements effroyables. A ce moment-là, j'ai réalisé que la culture, c'est ce qui doit vous empêcher de crier quand l'avion tombe. C'est elle qui vous donne la règle du jeu, le sens. Saint Augustin le savait, Homère aussi, et Goya. Mais notre culture à nous, celle d'aujourd'hui, ne nous sert absolument à rien. " (lemonde.fr, 26/01/07)
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