20.11.06

Lire pour savoir qui nous sommes

L'érudit et fou de livres Alberto Manguel vient de publier " La bibliothèque, la nuit ". Il parle des livres avec passion : " Lorsque j'étais enfant, je voyageais beaucoup et les livres que me lisait ma gouvernante étaient pour moi un point fixe où revenir. Je crois que nous sommes tous potentiellement de gros lecteurs. Nous sommes la seule espèce à avoir conscience d'elle-même. De ce fait, nous pensons que tout est histoire et donc que tout doit être écrit. Enfants, nous avons la faculté d'inventer des langages. Chez certains, cela se développe, pas chez d'autres. Le pourcentage d'authentiques lecteurs dans nos sociétés est minime, même si cette capacité de lire, je crois, nous définit. Nous sommes des animaux lecteurs... (…) L'économie a supplanté les activités intellectuelles. Le temple symbolique de la bibliothèque a été remplacé par celui de la banque. Le livre est devenu un business. On crée de faux lecteurs et beaucoup de faux livres, les vrais étant noyés dans la masse. Mais la littérature, authentique ou non, ne rapporte pas assez, et les comptables s'aperçoivent que Garcia Marquez paie moins qu'un kalachnikov. C'est la fin d'un certain humanisme, auquel nous reviendrons peut-être. (…) Le livre préserve la mémoire de nos expériences selon un code partagé - le langage - que l'on peut récupérer entièrement. Dans un disque, un film, la mémoire ne s'imprègne pas de la même façon. Ma crainte est qu'on oublie qu'il est essentiel de continuer à lire pour savoir qui nous sommes et que rien ne peut remplacer cette lecture. " (lexpress.fr, 26/10/06)

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