Le journaliste Jean-Michel Dumay évoquait récemment ce petit groupe d'habitants de San Francisco qui a décidé de ne plus rien acheter de neuf pendant un an et complétait ainsi : " Depuis Jean Baudrillard, notamment, l'on sait que la consommation n'est pas qu'un acte destiné à combler des besoins, mais représente aussi un lieu d'échanges symboliques : les usagers ne consomment pas seulement des produits, ils achètent tout autant le sens de ces produits, ou leur image, qui, à leurs yeux, peut faire une différence. La consommation permet aussi - et c'est là tout son attrait moderne - de vivre toutes sortes d'"expériences", surtout émotionnelles ; tout bon responsable marketing sait ainsi que notre vie est désormais faite d'une multitude d'"expériences de consommation". Achat après achat, dit-on, celles-ci pourraient même construire une identité. Le sociologue Zygmunt Bauman a perçu lui aussi ce changement de paradigme : "Alors que les philosophes, les poètes et les moralistes du passé se demandaient si l'on travaille pour vivre ou si l'on vit pour travailler, le dilemme qui préoccupe nos contemporains se formule le plus souvent ainsi : doit-on consommer pour vivre ou vivre pour consommer ?" Cela paraît si vrai qu'avant d'acheter on souhaiterait pouvoir garder en tête la formule d'André Gide qui voulait que "l'importance soit dans (notre) regard, et non dans la chose regardée" ! " (lemonde.fr, 07-08/01/07)
Libellés : consommation