19.11.07

Etre artiste, c'est du travail, du travail, du travail

Jean-Louis Murat vient de donner une longue interview au journal Le Monde. Il évoque la crise de l'industrie musicale, mais aussi le travail de l'artiste et sa vie retirée dans le Puy-de-Dôme :

"Chez les artistes, règne l'omerta. Dès qu'ils dénoncent les pratiques de voyou sur Internet, ils sont attaqués par des petits groupes d'internautes ; ceux-ci s'y mettent à une dizaine, se font un plaisir de mettre la totalité de la discographie de l'impétrant à disposition gratuitement, partout, dernier album compris. Ils sont sans visage. (...) Mais quelle liberté veut-on ? Celle de se goinfrer ? Avec des gens qui ont 20 000 titres sur leur disque dur et ne les écoutent jamais ? Cette conception ultralibéraliste, qui est au-delà de tout système politique, se résume à peu : la goinfrerie. Internet favorise cela : toujours plus de sensations, toujours plus de voyages, de pénis rallongés, toujours plus de ceci, de cela… (…)
L'artiste est celui ou celle qui fait la moitié du chemin, sans rien sacrifier. Le monde est plein d'artistes qui ne le sont que six heures par semaine, du samedi matin au dimanche soir. Ils sont d'une arrogance, ils veulent tout arracher ! Alors qu'être artiste, c'est un engagement total, où tous les risques sont pris. C'est une décision à laquelle on se tient. Quitte à dormir dehors, à vivre autrement. Tout le monde a en soi des capacités créatives, cela n'en fait pas un artiste pour autant. Etre artiste, c'est une affaire de vocation et de discipline, une discipline de fer. Etre artiste, c'est du travail, du travail, du travail et encore du travail. (…)
Je vois très peu de gens... le facteur... Là-haut, la vie est frugale, on finit tout, on n'achète presque rien. Le pain dur est gardé pour la soupe du soir. Dans la nature, l'oubli de soi est plus facile, on va le matin aux champignons, on s'assied pour casser la croûte, on a ramassé un kilo de cèpes, voilà. On refait une clôture, on est dans le présent. Or, être dans le présent est la condition de la paix intérieure. Moi, j'aime aussi les activités qui ne laissent pas de place à la réflexion. Jouer des instruments, faire des prises de son. S'aménager une vie de travail. Car, à part aimer, travailler est la chose la plus belle à faire dans la vie. (…)
Rimbaud et Baudelaire disaient que la poésie ne servait à rien. Alors, il faut avoir assez de force de caractère pour faire les choses tout en sachant qu'elles ne servent à rien. Il faut une vertu supérieure pour tenir contre l'" à quoi bon ? ". Il faut faire, faire. C'est essentiel."
Source : une interview de Véronique Mortaigne dans Le Monde, 18-19/11/07

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Anonymous Anonyme a écrit...

A propos du coup de gueule de Jean-Louis Murat sur Internet: c'est tout à fait le genre de raisonnement que produit l'enfermement: à l'emporte-pièce et complètement flippé. Jean-Louis, un conseil: pose un peu ton panier à champignons et suis le conseil de Baudelaire: prends un bain de foule. Tu verras ça régénère.
Tu ne cites que des poètes français du XlXème siècle... Baudelaire, Rimbaud... sous l'aile de Léo Ferré le grand Imprécateur! Bravo, mais en ce qui concerne la poésie, tu pourrais t'ouvrir à d'autres pays, à d'autres cultures et à d'autres époques. Tu me fais l'effet d'être un musico à prétention artistique. Ton discours sur la littérature et la poésie est uniquement nourri de souvenirs scolaires.
Il me semble que Baudelaire était plutôt amoureux des villes. Quant à Rimbaud, s'il cite le mot "paysan", c'est plutôt "pour les conchier" dans des phrases telles que "Quels monstres d'innochinche ces paysans!".
Deux textes qui pourraient t'intéresser:
"Rimbaud: vue globale sur les moyens d'existence" de Jean Plasmans;
"Profession: poète" de Maurice Niffaels.
Tu trouveras ces textes à l'adresse suivante (vive Internet!): http://www.letre.fr

19/11/07 10:42  

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