27.11.07

Ecrire : une question de bouillonnement intérieur

L'écrivain californien T.C. Boyle évoque son métier :

" On pourrait me qualifier de graphomane. C'est plus compliqué. Je n'ai, par exemple, pas besoin d'écrire sur tout et n'importe quoi. C'est une disposition mentale. Lorsque je termine un livre, arrivé environ au dernier tiers, j'ai l'idée d'un nouveau roman. C'est très excitant. J'ai l'impression que mon imagination ne pourra jamais se tarir, et c'est angoissant, car il n'y a aucune possibilité de s'arrêter. Des amis me parlent parfois de retraite. Le repos n'est pas une option pour moi. La mort mettra d'elle-même un terme à ce flux. (…) Je me souviens avoir longtemps écouté avec défiance les discours de vieux écrivains m'expliquer qu'ils ne contrôlaient jamais leurs personnages. Cette naïveté me navrait. Le romancier restait pour moi omniscient et omnipotent. Je comprends mieux aujourd'hui. Nous ne contrôlons pas grand-chose. Je voudrais vous dire que mon oeuvre repose sur un projet défini. Celui-ci s'est élaboré à ma surprise en avançant. J'ai réalisé par exemple combien la dichotomie entre le corps et le cerveau traversait tout mon travail. (…) Je voudrais bien situer la valeur de ma production, mais j'en suis incapable. Ce n'est plus le problème. C'est une question de sensation, de bouillonnement intérieur, plus de statut. Je travaille désormais pour cette poignée de secondes où je comprends, à mon niveau, que mon roman va quelque part. "
Source : Le Monde, 23/11/07

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