23.10.07

Les enseignants face aux "enfants-clients"

Daniel Pennac, à l'occasion de la sortie de son nouveau livre chez Gallimard, "Chagrin d'école" :

"Jour après jour on stimule chez l'enfant des désirs de consommation dans des domaines identiques à ceux des adultes : habillement, nourriture, locomotion, électronique, téléphonie… L'enfant acquiert ainsi une légitimité commerciale qui en fait un rouage indispensable à la société marchande et le place sur un pied d'égalité avec l'univers des adultes. Il accède à la prospérité sans contrepartie, avec l'argent de ses parents ou en se "débrouillant". Le système s'en fiche du moment que l'argent circule. Les enfants qui débarquent aujourd'hui dans les classes sont ainsi de petits propriétaires, animés par des désirs qu'ils ont l'habitude de voir rapidement satisfaits. Dans notre culture, désormais, l'achat de l'objet convoité est devenu, pour les parents, le moyen principal de manifester leur affection. (…) Les enfants, aujourd'hui, confondent leurs désirs superficiels et leurs besoins fondamentaux. Ils arrivent à l'école porteurs de désirs qui demandent à être satisfaits immédiatement, c'est l'attrait constant de la nouveauté : une nouvelle marque, un nouveau téléphone, une nouvelle génération de godasses… Or ils se trouvent dans un lieu qui a pour vocation de s'adresser à leurs besoins fondamentaux : lire, écrire, compter, raisonner. Et, qui plus est, l'école exige d'eux, pour la première fois, une monnaie d'échange : du savoir contre de la concentration, de l'attention, de l'effort, bref, du travail, avec tout ce que cela suppose de renoncement aux désirs de consommer ! Les enseignants qui imaginent toujours s'adresser aux enfants de Jules Ferry ne sont absolument pas préparés à cette enfance-clientèle."
Source : Télérama, 10/10/07

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Anonymous Anonyme a écrit...

Je suis sensible à cette monnaie d'échange dont parle Daniel Pennac...

23/10/07 09:48  

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