19.10.07

Le meilleur est dans le jardin

Le jardinier-écrivain Gilles Clément évoque sa passion :

"Depuis trente ans, on me dit : "C'est bien ce que vous faites, ces beaux jardins…" Mais, pour moi, être jardinier a toujours eu une dimension politique, même si c'est la première fois que je l'affirme aussi nettement. Il faut en revenir à l'étymologie du mot "jardin", qui vient de "Garten", autrement dit un enclos dans lequel on protège le meilleur. Le meilleur des plantes. Le meilleur de l'espace, de la lumière, de l'art de vivre. Le meilleur de la pensée : c'est un lieu de méditation, de discussion. Ce "meilleur" a été protégé, valorisé, scénographié à travers les siècles de façon extrêmement variées. A un moment donné, on aestimé qu'il fallait mettre en avant l'eau : c'est le cas des jardins hispano-mauresques, depuis la Perse jusqu'à Grenade au Xve siècle. Mais il y a aussi le jardin classique, au XVIIIe siècle, qui met en scène l'horizon et où il est question de domination, de maîtrise totale de l'environnement. Ou le jardin romantique, au XIXe siècle, qui magnifie la nature en l'idéalisant et l'encadre comme un tableau. Aujourd'hui, quel est notre "meilleur" ? La diversité et la vie, dans sa fragilité. Nous voilà brutalement conscients de la finitude écologique de la planète. C'est donc ça le jardin : protéger la vie, l'exploiter - car on y est obligés -, mais sans la détruire."
Source : Télérama, 03/10/07

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