25.9.07

Rupture économique historique entre le Nord et le Sud

Le journaliste Eric Le Boucher, dans sa dernière chronique, au sujet de la bonne résistance des économies des pays du sud dans la crise économique actuelle :

"Annonçant un complet renversement du rapport des forces mondiales, les pays émergents, ceux d'Asie en particulier, montrent une grande résistance économique et financière aux turbulences. Le Sud devient non seulement le moteur de l'expansion mondiale, mais il dépend moins du Nord, de ses capitaux et, dans une mesure relative, de ses débouchés. Le XXIe siècle leur offre une grande revanche du XIXe et du XXe, au cours desquels le maître mot avait été l'exploitation du Sud par le Nord. Du fait de l'interconnexion des marchés, toutes les places boursières ont été affectées par la perte de confiance de cet été. Mais, à y regarder de plus près, on observe que les Bourses émergentes ont moins reculé que Wall Street et que les places européennes, explique Luca Silipo, économiste chez Natixis. (…) Le Sud se " découple " du Nord, comme disent les économistes. C'est lui qui joue un rôle de stabilisateur dans l'économie mondiale. Comment cette inversion a-t-elle été rendue possible ? La première raison est la force de leur croissance. L'économie mondiale va diminuer un peu, à 5,25 % cette année et l'an prochain (contre 5,5 % en 2006), mais les pays du Sud survolent le lot. La Chine bien sûr, au rythme de 11,5 %, l'Inde à 9 %, les pays du Golfe, l'Afrique émergente, même le Brésil, longtemps traînard, atteint 5,5 %. Cette expansion dépend moins des marchés du Nord. (…) L'autre raison de la solidité des économies du Sud est la politique économique vertueuse de nombre d'entre eux. Echaudés par les crises précédentes, ils ont compris qu'ils devaient ne plus dépendre des capitaux du Nord et que, pour ce faire, il fallait avoir des budgets équilibrés et des comptes commerciaux excédentaires. Les pays de l'Est européen, l'Argentine ou l'Inde ne sont pas dans ce cas-là, mais ce sont des exceptions. (…) Sans doute, le " découplage " du Sud n'est que relatif. Certaines zones (Amérique latine et Europe de l'Est) sont encore fragiles. Si les turbulences financières devaient durer et plonger le Nord dans une forte récession, aucune économie du monde ne pourrait être immunisée. Mais " la plupart des économies émergentes sont moins vulnérables grâce à des fondamentaux économiques solides et des institutions monétaires crédibles ", se félicitait, le 7 septembre, Rodrigo Rato, le patron (sur le départ) du FMI. Le Sud est économiquement émancipé. C'est une rupture, une vraie. Grande, historique et mondiale."
Source : Le Monde, 23-24/09/07

Libellés :

Enregistrer un commentaire

<< Page principale