16.2.07

Lire le journal : le secret de la classe et de l'élégance

L'auteur américain Garrison Keillor : " Quand j'observe les jeunes gens dans les cafés, il me semble qu'il manque quelque chose d'essentiel à leur vie : l'art et la manière de tenir un journal. Ils sont assis, les yeux rivés à l'écran d'un ordinateur, parfois avec des fils qui leur sortent des oreilles, la vie s'écoulant sans eux pendant qu'ils se baladent sur MySpace, cette encyclopédie du pathétique, et regardent la vidéo d'un toutou dansant la macarena. Comme il est triste et regrettable que personne ne leur ait appris qu'ouvrir un journal est le secret de la classe et de l'élégance. Oublions les phrases ronflantes sur le rôle de la presse dans une démocratie - un journal, coco, c'est d'abord une question de style. Que vous soyez assis ou debout, à l'intérieur ou dehors, appuyé négligemment contre un poteau ou les pieds posés sur votre bureau, un journal vous permet de décliner un riche vocabulaire gestuel. Vous l'ouvrez d'une envolée du bras qui fait bruisser le papier, votre inébranlable assurance transparaît dans la façon dont vous tournez les pages d'un bref mouvement du poignet, parcourez d'un coup d'oeil les blocs grisés des articles, vos yeux dansent sur les malheurs du monde avant de passer à autre chose, vous froissez la page, la cassez d'un coup sec, la roulez, vous pliez le journal en deux puis en quatre, le fourrez sous le bras ou le tapotez contre votre paume. Cary Grant, Spencer Tracy, Jimmy Stewart, les plus grands acteurs ont utilisé un journal pour montrer qu'ils étaient cool. Rester assis à parcourir l'album photo d'une insignifiante bimbo de 18 ans et de son chat Boule-de-Neige n'est pas cool. Un type assis devant un portable est un homme assis à un bureau, un tâcheron, un rond-de-cuir. Où est la noblesse là-dedans ? Il est penché en avant, la tête rentrée dans les épaules, le regard vitreux, avec au coin des lèvres des perles de salive qui lui coulent sur le menton tandis qu'il regarde, fasciné, la vidéo du pêcheur tombant de sa barque. Le lecteur de journal, lui, est un mousquetaire, un cow-boy, un privé. (…) L'Internet vous bouffera tout vif. Avec les journaux, vous en avez pour vingt minutes, pas plus. C'est votre vie, à vous de choisir. " (Le Monde, 21-22/01/07)

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Anonymous Anonyme a écrit...

Personnellement, j'ai adopté un lecteur de fils rss sur internet. Quand j'en ai le temps dans la journée, je m'installe devant mon ordinateur. Mon navigateur est déjà lancé car j'ai programmé mon système pour cela. Je clique sur RSS dans ma barre personnelle car c'est le nom en abrégé que j'ai donné à ce lien. Et en une fraction de seconde je découvre toute la liste des fils d'actualités édités par les organes de presse que j'ai entrés dans ce lecteur.
J'ai choisi des sources variées, des blogs aussi, afin d'avoir un aperçu assez global de l'actualité française, francophone, anglophone aussi.
L'essentiel de chaque sujet tient dans une ligne, la page entière présente des dizaines de lignes.
Quand un fil excite ma curiosité, je me rend d'un seul clic sur le site qui l'a édité pour en approfondir le contenu.
Ainsi je dispose d'une grande quantité de sources d'information qui se rémunèrent par les publicités présentes sur leurs pages.
Et en quelques minutes, et pour le prix de mon seul abonnement à l'internet, je fais le tour des évènements et remous de ce monde.
Mes revenus sont modestes et pourtant grâce à cette technologie je peux rester en contact étroit avec ce qui fait la petite ou la grande histoire de mes contemporains.
Internet n'est qu'un outil. On peut s'en servir intelligemment et avec élégance et discernement.
Le papier froissé, c'est parfois aussi et hélas, ces horribles magazines à scandales, et même Détective ! que l'on trouve sur les tables des espaces boissons dans le hall des hôpitaux ..
Dans tous les cas, ce n'est pas le support qui fait la différence, c'est le lecteur !

15/2/07 22:36  
Anonymous Anonyme a écrit...

Tout à fait d'accord avec la conclusion de Papillon. L'important est encore une fois le sens que l'on donne à ses lectures et non le paraître dans l'acte de lire.

16/2/07 07:07  
Blogger MatthieuM a écrit...

Effectivement, c'est bien joli la classe, mais on peut l'avoir devant un ordinateur. Et le plus important, c'est ce qu'il ressort des lectures. Je me méfie un peu de ceux qui nous sortent un discours sans nuance. On peut aimer l'informatique, l'information sur internet, mais aussi la presse papier, et avoir la classe en consultant les deux...

16/2/07 07:22  
Blogger Pépites a écrit...

Moi aussi j'utilise un lecteur de fils RSS et j'apprécie. Je suis d'accord sur le fait que l'on peut brasser une grande quantité de sources et s'arrêter sur un point de curiosité. Par contre mon expérience est claire : je glâne plus de pépites à travers mes lectures papier que je continue à fréquenter tout autant. En lisant un journal dans l'ordre, on est confronté à un moment où l'autre à un sujet inattendu dans lequel on rentre grâce à l'accroche d'un titre, d'une photo, d'un inter-titre... Pour l'instant, je suis tout simplement moins accroché par quelques seuls liens. C'est bien sûr probablement d'abord lié à ma pratique personnelle, mais le bilan est là. De plus j'ai encore l'impression que je perds plus de temps à papillonner en ligne. A suivre...

16/2/07 21:05  

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