6.10.06

Ecrire, l'action par excellence

" Quand j'étais jeune, à Paris, je rêvais de devenir peintre ou musicien. Comme je n'étais pas assez doué dans ces domaines, je me suis rabattu sur la littérature, en conservant une grande nostalgie de la peinture et de la musique : en écrivant, je voudrais faire voir et faire entendre. J'espère que mes livres servent à quelque chose, qu'ils aident à mieux comprendre le monde. Pour moi, l'écriture est donc un engagement total, l'action par excellence. Mais il y a bien d'autres raisons qui me poussent devant mon ordinateur, en particulier les sollicitations de mes amis artistes qui me commandent des textes pour accompagner leurs œuvres. Leur travail m'inspire beaucoup, j'ai le sentiment que ce n'est pas moi qui écris, mais les autres, à travers moi. Je ne fais pas des livres pour me mettre en scène, mais pour raconter ce qui passe à travers mes yeux et mes oreilles. (…) L'écrivain est un être particulièrement sensible aux malaises qu'il perçoit autour de lui. Ils lui collent à la peau, ils ne cessent de l'agresser, par empathie. En écrivant, il essaie de se protéger de tout cela. Il ressemble à la chenille qui tisse son fil, un cocon à l'intérieur duquel elle se réfugie pour se métamorphoser en papillon. L'écrivain tisse lui aussi un cocon de phrases, une forteresse pour se protéger des agressions. C'était le cas de Montaigne, et c'est également le mien. (…) En écrivant, j'ai toujours voulu passer de l'autre côté, franchir les murailles, détruire les barrières, aller voir ce qu'il y a derrière les préjugés et les apparences. " Dixit l'écrivain Michel Butor, qui vient de fêter ses 80 ans. (lexpress.fr, 21/09/06)

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