25.8.06

La vie carnavalisée

" Une des caractéristiques de la civilisation dans laquelle nous vivons est la carnavalisation totale de la vie. Cela ne signifie pas qu'on travaille moins, en laissant faire les machines, parce que l'incitation et l'organisation du temps libre ont été une préoccupation sacrée tant des dictatures que des régimes libéral-réformistes. C'est qu'on a carnavalisé le temps de travail aussi. Il est facile et évident de parler de carnavalisation de la vie en pensant aux heures passées par le citoyen moyen devant un écran de télévision qui, en dehors des très brefs moments consacrés à l'information, répand surtout du spectacle, et, parmi les spectacles, privilégie désormais ceux qui représentent la vie comme un éternel Carnaval, où des bouffons et de très belles filles ne lancent pas des confettis mais une pluie de milliards que tout un chacun peut gagner en jouant… Mais on ne prend pas assez en considération la complète carnavalisation du travail… L'employé qui, devant son ordinateur, en cachette du chef de bureau, fait des jeux de rôle ou visite le site de Playboy, vit un Carnaval permanent. De même, celui qui conduit une voiture qui, maintenant, lui parle, lui indique la route à prendre, l'expose à risquer sa vie en l'incitant à appuyer sur des boutons pour recevoir des informations sur la température, sur ce qu'il reste de carburant, sur sa vitesse moyenne, sur le temps de parcours, vit son Carnaval. " Dixit le sémiologue et écrivain Umberto Eco, dans un extrait de " A reculons, comme une écrevisse ", son livre qui sort le 19 septembre. (Le Monde, 09/08/06)

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Anonymous Anonyme a écrit...

Sans doute, n'est-on pas si loin de ce que décrit Umberto Eco.

25/8/06 12:16  

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