8.6.06

Nous restons sur la crête de la vague

" Jadis, c'est-à-dire il y a deux siècles, la nouvelle d'un tremblement de terre, au nord de la Chine, mettait à nous parvenir, si elle nous parvenait, quelques mois pendant lesquels nous vivions paisiblement, indifférents aux malheurs des fils du ciel et aux désordres telluriques dont ils étaient les victimes. Aujourd'hui, qu'un cycliste se fasse écraser à Nankin, et nous voilà avertis sur l'heure de ce déplorable accident qui, si nous avons le coeur sensible et le sens de l'universel, risque de gâcher notre journée. Le monde entier est chez nous, jusque dans ses plus minces événements, et nous harcèle sans cesse, nous prenant à témoin des incidents et des catastrophes qui sont le lot de la planète, et dont, pour peu, on nous tiendrait pour responsables. Cette instantanéité de l'information, qui est une des malédictions de notre temps, rend notre vision de la Terre, en tant qu'habitat de l'homme, confuse, aléatoire et apocalyptique. La profusion de faits, d'images, d'annonces, toujours renouvelés et toujours abolis, ne nous permet pas de saisir le mouvement du monde dans sa lente continuité tel que l'ont rêvé de savants historiens. Tout est bref, fragmenté et, à chaque seconde, effacé, comme si rien n'avait de suite, et que les effets n'avaient point de causes, et encore moins de raisons. Nous sommes installés devant un kaléidoscope dont les combinaisons bariolées, infinies et changeantes, ne nous permettent pas de donner une cohérence et une durée au monde historique dans lequel nous vivons. Bref, nous restons toujours sur la crête de la vague sur quoi nous surfons comme un nageur hawaïen. " Dixit le journaliste Pierre Marcabru, dans sa chronique. (lefigaro.fr, 27-28/05/06)

Anonymous Anonyme a écrit...

C'est vrai. Mais pour autant, serait-il souhaitable (si cela était possible) de revenir en arrière ?

8/6/06 09:33  

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