5.6.06

Le temps de l'insécurité personnelle

" Je crois plutôt que l'autonomie est notre nouvel idéal pour l'action et que les dilemmes qu'elle soulève s'expriment en termes de subjectivité et de souffrances psychiques. Au cours des trois ou quatre dernières décennies, les valeurs disciplinaires d'encadrement des comportements collectifs ont été supplantées par celles de l'autonomie : choix de sa propre vie, propriété de soi, initiative individuelle, etc. Elles se sont généralisées à l'ensemble de la vie sociale, alors qu'elles étaient cantonnées à la sphère politique. Cela ne va pas certes sans inquiétudes, car l'autonomie veut que chacun décide ou agisse par lui-même, elle insiste sur l'aspect personnel dans les relations sociales, et renforce les représentations individualistes de la vie sociale. Nous croyons que " personnel " équivaut à psychologique, donc à privé, donc à déclin de la vie publique et à crise de l'institution. L'autonomie, parce qu'elle met au centre de la vie de chacun la responsabilité personnelle de toutes ses actions, s'accompagne d'une insécurité personnelle. C'est cette tension qui est le ressort de ce discours sur la souffrance psychique. On ne peut avoir en même temps l'énergie de l'homme d'action et la paix de l'âme du contemplatif. " Dixit le sociologue Alain Ehrenberg, dans une réflexion sur le malaise de l'homme moderne. (lemonde.fr, 20/05/06)

Anonymous Anonyme a écrit...

Les normes et valeurs de l'autonomie, à travers leurs deux facettes de la libération des mœurs et de la libération de l'action, ont élargi les frontières de soi. En conséquence, le nombre d'actions que l'on peut, mais aussi que l'on doit considérer comme siennes est tel que l'on a l'impression d'assister à une augmentation de la responsabilité personnelle.
À mesure que l'exigence d'autonomie imprègne l'ensemble de la vie sociale, privée comme publique, la tendance à ce que chacun soit responsable de tout s'affirme comme l'autorité d'une règle, et cela quelle que soit sa propre place dans la hiérarchie sociale.

5/6/06 10:45  
Anonymous Anonyme a écrit...

LIRE aussi :
La dépression est-elle un état naturel ou un produit de notre culture ?
Pour Alain Ehrenberg, l'expression «spontanée» des émotions, loin de dépendre de l'intériorité d'un sujet, est, en effet, liée aux attentes d'une société. Ce sont ces «attentes», notamment celle d'autonomie, qui lui semblent façonner aujourd'hui l'expression de la «dépression».
Lire la suite à cette adresse : http://culture-et-debats.over-blog.com/article-278377.html
ou en cliquant sur "Jean-Yves"

5/6/06 15:50  

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