12.5.06

La propagande du quotidien

" Cette langue n'est pas la conséquence d'une politique déterminée. Il n'y a pas de complot, pas de " décideurs " qui se réunissent et se disent : cette semaine on va lancer " exclusion ", " transparence ", la semaine prochaine on lancera " diversité " et " gouvernance ". La LQR (la langue de la Ve République) est dominante seulement parce qu'elle est pratiquée et répandue par un grand nombre de personnes très variées. Très variées, j'insiste : cela va du directeur de com de la RATP à un juge antiterroriste, en passant par un membre du cabinet du ministre de l'Agriculture, un chroniqueur de France Culture, un enquêteur d'un institut de sondages ou un créatif de pub. Ces gens-là ont tous en commun de sortir des grandes écoles où on leur a enseigné qu'ils étaient " l'élite "… La presse est un agent créatif et un amplificateur. Les journalistes, qui se lisent entre eux très attentivement, reprennent consciemment ou inconsciemment des formules, si bien qu'elles prolifèrent. Le temps où la presse était un contre-pouvoir est vraiment passé. Je ne sais pas dans quelle mesure il faut y voir une conséquence de la concentration capitaliste ou du recrutement des jeunes journalistes, toujours est-il qu'aujourd'hui un article qui dérange se fait rare. Moins sur internet. " Dixit l'écrivain Eric Hazan, qui vient de publier " La propagande du quotidien ". (Télérama, 03/05/06)

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