7.3.06

Inutilité spectaculaire

" La culture adolescente, il y a encore cinquante ans, témoignait d'une extraordinaire gravité. A 33 ans, Malraux avait déjà écrit " Les Conquérants ", " La Voie royale " et " La Condition humaine ". A 27 ans, Camus avait rédigé " L'Etranger ", " Noces ", " Caligula " et " Le Mythe de Sisyphe ". Au même âge, aujourd'hui, les écrivains nous parlent de leurs problèmes sentimentaux et affectifs. Et les adolescents tuent le temps en écoutant de la musique, en chattant sur Internet, en faisant la fête, bref en mettant en scène leur inutilité spectaculaire. La société appelle les enfants à un développement précoce de leur individualité, mais les scotomise (refouler une réalité pénible) en retardant leur entrée dans le monde de la responsabilité. D'où le développement de pathologies de maîtrise du monde, conséquence de l'hémiplégie qu'on leur impose : anorexie, toxicomanie, conduites à risques tentatives de suicide. Cette situation où l'on envoie l'énergie de la jeunesse se fracasser contre des murs, s'égarer dans des voies sans issue, s'engluer dans l'épuisement de l'attente est dommageable, aussi, pour toute la société. " Dixit le sociologue Paul Yonnet, qui publie " Le recul de la mort, l'avènement de l'individu contemporain " aux éditions Gallimard. (L'Express, 02/03/06)

Anonymous Anonyme a écrit...

http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/famille2/dossier.asp?ida=437163

8/3/06 01:52  

Enregistrer un commentaire

<< Page principale