8.10.05

Internet ne tient pas ses promesses ?

" Nous privilégions la parole directe et le face à face dès que quelque chose est important. D'où le succès immense et immédiat du portable qui reconstitue avec une perte mesurée cette communication orale à laquelle nous tenons. En parfaite résonance, cette technologie qui facilite le contact verbal entre n'importe qui, n'importe où et à tout instant ne pouvait que rencontrer le succès. En outre, elle vient au secours de ceux qui éprouvent des difficultés dans le contact direct… Là est, à mon vis, la vraie révolution, davantage qu'Internet… Le courrier électronique n'est qu'un prolongement du système postal, après les chevaux, la malle-poste, le train et l'avion, même si la nature du courrier peut changer du fait de la quasi-instantanéité de l'échange. L'accès à l'information n'est pas nouveau non plus, juste plus performant : Internet est un très bon outil pour véhiculer l'information qui circule beaucoup plus facilement dans un mode de communication à distance. Il en va autrement pour tout ce qui relève de l'expressif, de l'argumentatif et du décisionnel où le face à face de visu reste plus efficace que le face à face technologique. Véhiculer de l'information ou délibérer ensemble n'est pas de même nature. Les applications ne " résonnent" pas toutes de la même façon. C'est la raison pour laquelle, probablement, nombre des promesses d'lnternet tomberont probablement à plat... Plus de pouvoir à l'individu donc plus de liberté, plus de démocratie... Cette promesse s'est effectivement installée, même si on l'entend un peu moins. On allait tout faire de chez soi, sans être confronté à toutes les violences potentielles des autres. La web cam, les sites, les blogs vont m'informer, sans que j'ai besoin de personne pour m'en faire le commentaire. Fantasme. Sous une apparente modernité, cette instrumentalisation de notre rapport à la présence directe, sans médiation, est porteuse de démagogoe et de populisme. Depuis cinquante ans, on est en panne de futur et on nous vend la " société de l'information " comme seule issue. Ce concept va disparaître rapidement, j'en fais le pari. " Dixit le sociologue Philippe Breton. (Enjeux Les Echos, 07-08/05)

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