1.9.05

L'ère du soupçon

" La photographie naît avec les expositions universelles, au moment où l' " ailleurs " devient à la fois extraordinaire et accessible grâce aux nouveaux moyens de transport. L'image photographique répond à cette curiosité en rendant visible ce lointain. Elle est également perçue comme fondamentalement démocratique puisqu'elle remet en cause la transcendance qui a prévalu pendant des siècles en art, notamment en peinture. Pour la première fois, les images, en tant qu'empreintes chimiques n'émanent que de ce monde-ci, et ne renvoient qu'à lui. La photographie fait descendre le regard du ciel sur la terre. Pendant plus d'un siècle, on succombe à son charme. On pense qu'une photo garantit la vérité de ce qu'elle montre. On a d'ailleurs parfois encore tendance à le croire… Mais la remise en cause du photojournalisme correspond aussi à un changement des mentalités. En photographie, comme dans tous les champs de la culture, on est entré dans " l'ère du soupçon ". Depuis peu, elle est en effet confrontée au défi du numérique. Les photos numériques sont tributaires de logiciels de traitement d'images, où la retouche n'est plus l'exception mais l'ordinaire. A l'illusion de la vérité succède la certitude de la manipulation. Désormais, voir n'est pas savoir, ni même suffisant pour croire. " Dixit André Rouillé, ancien rédacteur en chef de la revue La Recherche photographique, aujourd'hui universitaire et responsable du site Paris Art. (Télérama, 24/08/05)

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