15.4.05

Se transformer sans cesse

Selon le sociologue Alain Ehrenberg, " les années 1970 constituent une période charnière au cours de laquelle l'idée que chacun est le propriétaire de sa propre vie commence à s'imposer sociologiquement. L'homme de masse est en train de devenir son propre souverain. Son horizon est l'autogestion de sa vie. " Mais ce phénomène ne va sans difficultés. Un autre sociologue, Vincent de Gaulejac, les résume ainsi : " Alors que chacun était autrefois " fixé " par ses identités de classe, le monde du travail nous pousse aujourd'hui, à se développer, se former et se transformer sans cesse pour s'adapter aux places qui sont disponibles dans la société, ou pour créer ces places si elles n'existent pas déjà. Ce phénomène est très contradictoire. Côté brillant, cette mobilité offre la possibilité de choisir sa vie - voire " plusieurs " vies -, ce qui est une grande chance. Le côté sombre est que cet épanouissement individuel a un coût, psychique et social. Le coût psychique, ce sont ces nouveaux symptômes que l'on voit apparaître, maladies du narcissisme ou du border line. Le coût social, c'est l'insécurité permanente à laquelle la lutte des places confronte chacun de nous. Pour ceux qui ont du mal à s'y adapter ou qui en sont exclus, la culture de la haute performance est sans pitié. " (Le Monde, 06/04/05)

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